17 juin 2012

Le Canada mis sur sa liste de surveillance de la Haute Commissaire aux droits de l’Homme

Le Canada va être mis en compagnie de certains des pires abuseurs des droits humains demain quand le plus haut responsable des droits humains de l’ONU se dira « alarmée » par la nouvelle loi du Québec sur les manifestations lors de son discours d’ouverture d’une réunion des 47 membres du Conseil des droits de l’Homme, a indiqué UN Watch, un groupe de défense des droits humains basé à Genève qui a obtenu une copie de son discours. La liste de surveillance de l’ONU comprend notamment la Syrie, le Pakistan et le Zimbabwe.
«Les mesures visant à restreindre la liberté de réunion continuent de m’inquiéter, comme c’est le cas dans la province de Québec au Canada dans le contexte des manifestations étudiantes », dira demain Navi Pillay, Haut Commissaire pour les droits de l'homme, selon son projet de discours. La haute responsable des droits humains réserve son langage le plus fort pour le Canada. Alors qu’elle cite seulement deux autres pays dans le monde pour des restrictions à la liberté de réunion, exprimant des « préoccupations » au sujet de la Russie, une « profonde préoccupation » pour l’Érythrée, c’est seulement pour le Canada que Mme Pillay utilise le mot « alarme », beaucoup plus fort.

Des experts des droits humains ont mis en doute le jugement de Pillay et son sens des proportions, pour attirer un niveau d’attention sans précédent sur un pays généralement considéré comme l'un des plus libres et démocratiques dans le monde.

« Bien que le Canada puisse certainement être critiqué », a déclaré Hillel Neuer, avocat et directeur de UN Watch originaire de Montréal, « le fait que Pillay détourne l’attention du monde sur un cas qui, dans le contexte mondial, est absolument marginal, une loi qui est contestée devant le juge en chef de la Cour supérieure du Québec et qui semble beaucoup moins exigeante que les lois suisses régissant les manifestations pour les droits humains que nous tenons devant son propre immeuble, est tout simplement absurde ».
«En effet, un militant tibétain de longue date s’est dit choqué aujourd'hui que le discours de la Commissaire de l'ONU sur des situations qui nécessitent l’attention du monde, mentionne le Canada tout en ne disant rien sur la Chine, une dictature qui réprime et brutalise systématiquement les moines bouddhistes et des millions d'autres », a déclaré Neuer. « Quand un procureur poursuit des gens pour des peccadilles tout en laissant les violeurs et les meurtriers en liberté, c’est non seulement illogique, c’est aussi immoral. »
«Elle doit simplement garder le sens de la mesure. La loi 78 du Québec a été adoptée par une démocratie élective et sera revue par une série de tribunaux indépendants appliquant les meilleurs mécanismes au monde en matière de vérification de la conformité des lois à la constitution, soit la procédure en vertu de la Charte des droits et libertés qui est déjà en cours. »
«Pendant ce temps, la plupart des pires abuseurs dans le monde, comme dans les états policiers du Bélarus et de Cuba que Pillay omet de mentionner, et dans les régimes misogynes d’Iran et d'Arabie saoudite, échappent à tout examen. Ces États ont désespérément besoin de l’attention de l’ONU ».
«Les militants canadiens qui, vraisemblablement, lui ont demandé de citer le Canada sont malavisés, et la Commissaire de l’ONU commet une grosse erreur en envoyant le message que les pays qui ont une imperfection dans leur système - si tant est que la loi du Québec soit une imperfection - sont encore pires que les pays dont l’imperfection est le système ».
Traduit par Poste de veille

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